Victor Hugo reprend la mission révolutionnaire de la France qui est chargée d’apporter la liberté à l’Europe et au monde entier.
Le prophète n’est pas seulement celui qui lit dans le futur.
Il est aussi le représentant de la parole qui fait advenir. Voir Les parties suivantes du texte prophétique écrit en 1867.
Marc.
Victor Hugo: "L’Avenir"
"Au vingtième siècle, il y aura une nation extraordinaire. Cette nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas d’être libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce d’une aînée. Elle s’étonnera de la gloire des projectiles coniques, et elle aura quelque peine à faire la différence entre un général d’armée et un boucher ; la pourpre de l’un ne lui semblera pas très distincte du rouge de l’autre. Une bataille entre Italiens et Allemands, entre Anglais et Russes, entre Prussiens et Français, lui apparaîtra comme nous apparaît une bataille entre Picards et Bourguignons.... Elle sera plus que nation, elle sera civilisation ; elle sera mieux que civilisation, elle sera famille. Unité de langue, unité de monnaie, unité de mètre, unité de méridien, unité de code ; la circulation fiduciaire à son plus haut degré ; le papier-monnaie à coupon faisant un rentier de quiconque a vingt francs dans son gousset ; une incalculable plus-value résultant de l’abolition des parasitismes ; plus d’oisiveté l’arme au bras ; la gigantesque dépense des guérites supprimée; ... l’idée de domesticité purgée de l’idée de servitude ; l’égalité sortant toute construite de l’instruction gratuite et obligatoire ; l’égout remplacé par le drainage ; le châtiment remplacé par l’enseignement ; la prison transfigurée en école ; l’ignorance, qui est la suprême indigence, abolie ; l’homme qui ne sait pas lire aussi rare que l’aveugle-né ; le jus contra legem compris ; la politique résorbée par la science, la simplification des antagonismes produisant la simplification des événements eux-mêmes ; le côté factice des faits s’éliminant ; pour loi, l’incontestable, pour unique sénat, l’institut. Le gouvernement restreint à cette vigilance considérable, la voirie, laquelle a deux nécessités, circulation et sécurité, l’État n’intervenant jamais que pour offrir gratuitement le patron et l’épure. Concurrence absolue des à-peu-près en présence du type, marquant l’étiage du progrès. Nulle part l’entrave, partout la norme. Le collège normal, l’atelier normal, l’entrepôt normal, la boutique normale, la ferme normale, le théâtre normal, la publicité normale, et à côté la liberté. La liberté du cœur humain respectée au même titre que la liberté de l’esprit humain, aimer étant aussi sacré que penser. Une vaste marche en avant de la foule Idée conduite par l’esprit Légion. La circulation décuplée ayant pour résultat la production et la consommation centuplées ; la multiplication de pains, de miracle, devenue réalité ; les cours d’eau endigués, ce qui empêchera les inondations, et empoissonnés, ce qui produira la vie à bas prix ; l’industrie engendrant l’industrie, les bras appelant les bras, l’œuvre faite se ramifiant en innombrables œuvres à faire, un perpétuel recommencement sorti d’un perpétuel achèvement, et, en tout lieu, à toute heure, sous la hache féconde du progrès, l’admirable renaissance des têtes de l’hydre sainte du travail. Pour guerre l’émulation. L’émeute des intelligences vers l’aurore. L’impatience du bien gourmandant les lenteurs et les timidités. Toute autre colère disparue. Un peuple fouillant les flancs de la nuit et opérant, au profit du genre humain, une immense extraction de clarté. Voilà quelle sera cette nation.
Cette nation aura pour capitale Paris, et ne s’appellera point la France ; elle s’appellera l’Europe.
Cette nation aura pour capitale Paris, et ne s’appellera point la France ; elle s’appellera l’Europe.
Elle s’appellera l’Europe au vingtième siècle, et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore, elle s’appellera l’Humanité."